Découverte de nombreux ossements humains du Moyen-Âge au centre de Bruxelles suite à un chantier STIB – Vivaqua
Mercredi 09 avril 2025
Ans Persoons, Secrétaire d’Etat bruxelloise à l’Urbanisme et au Patrimoine annonce la découverte par le département d’archéologie d’urban.brussels de plus de 30 squelettes humains et d’autres vestiges au cœur de la capitale, rue de la Régence aux abords du Petit Sablon. S’étant rendue aujourd’hui à la rencontre des archéologues et experts sur le site des fouilles préventives, elle a pu découvrir les premières découvertes et l’important travail scientifique en cours. Ces vestiges ont en effet été découverts à l’occasion de travaux de réfection de canalisations d’eau menés par Vivaqua et de modernisation des rails de tram opérés par la STIB. Selon les experts, il s’agit de sépultures liées à la présence de l’ancien cimetière de l’hôpital Saint-Jean, utilisé à partir de 1300 et jusqu’au début du XVIIIe siècle ainsi que des maçonneries et murs, témoignages de l’occupation du quartier depuis des siècles. Les archéologues, accompagnés de leurs collègues de l’Institut des Sciences naturelles, de la SRAB et du Musée Art & Histoire et avec l’aide d’étudiants de l’ULB, poursuivront leur travail les prochaines semaines de sauvegarde et d’analyse de ces découvertes.
"Sous les pavés historiques de la Rue de la Régence et du Parc du Petit Sablon, à quelques centimètres de profondeur, c'est tout un pan de l'histoire de notre ville qui ressurgit aujourd'hui. La découverte de ces 30 squelettes humains complets, d'enfants et adultes, ainsi que d'autres vestiges de murs témoignent de l'évolution de ce lieu central de la capitale à travers les siècles. Ces traces archéologiques nous rappellent que pendant près de 400 ans, ce site hébergea le cimetière de l'ancien hôpital Saint-Jean qui soignait indigents, femmes enceintes et nobles de la Ville. Un lieu oublié que pourtant de nombreux Bruxellois et visiteurs foulent chaque jour et qui a encore tant à nous apprendre grâce à l'expertise des archéologues et historiens." déclare Ans Persoons, Secrétaire d'Etat bruxelloise à l'Urbanisme et au Patrimoine.
Découvertes inattendues lors un chantier régional Vivaqua-STIB
Situé rue de Régence, entre l’église Notre-Dame des Victoires et le square du Petit Sablon, un chantier de rénovation de conduites Vivaqua et des travaux de remplacement des voies de tram a donné lieu le 19 mars dernier a une découverte fortuite d’ossements humains. Urban a dès lors dépêché une équipe d’archéologues du Musée Art & Histoire sur les lieux pour mener des fouilles préalables.
Plusieurs tombes complètes ont été découvertes, ainsi qu’une fosse commune contenant plusieurs enfants. Les inhumations sont en cercueils se recoupent fréquemment, avec des corps enterrés de manière serrée, l’un au-dessus de l’autre.
Pour la rue de la Régence, un certain nombre de maçonneries anciennes ont été mises en évidence, témoignant de l’occupation du quartier au fil des siècles. Deux murs très épais encadrent l’ancienne rue de Ruysbroeck. Il n’est pas exclu que des vestiges de la première enceinte urbaine (XIIIe siècle) soient découverts dans les jours à venir.
Suite à la déclaration de découverte, un accord a été obtenu avec Vivaqua pour que Urban puisse mener une fouille préalable de la tranchée Vivaqua pour la zone cimetière. Un premier tronçon de 12m est en cours de fouille. Nous estimons qu'il y a environ 30 m linaires qui doivent être fouillés, répartis sur 3 longueurs d'ouverture successives. La tranchée fait 1.60m de profondeur pour 1.40m de large.
Pendant ce temps, l’équipe de Vivaqua, interrompue dans cette zone, poursuit son travail dans la voirie au-delà de la place du Petit Sablon jusqu’à la place Royale. Ces ouvertures sont également suivies de près par l’équipe d'archéologues pour des fouilles de sauvetage.
"Chaque année, entre 40 et 70 chantiers d’archéologie préventive sont menés en lien avec les aménagements urbains. À chaque intervention, vestiges, traces visibles ou invisibles, viennent enrichir le vaste puzzle de l’histoire de notre ville. En révélant les modes de vie, les pratiques et les évolutions à travers les siècles, l’archéologie préventive tisse un lien essentiel entre les habitants d’hier et ceux d’aujourd’hui, offrant à la ville un miroir de son passé, un lien précieux entre passé et présent, entre mémoire enfouie et identité vivante." déclare Ann Degraeve, Responsable du Département archéologie d'urban.brussels.
Histoire du site et compréhension des découvertes:
Le site en question se situe entre la Place Royale (anciennement Coudenberg) et la Place du Sablon, une zone dont la topographie est complexe et a été largement modifiée au fil des siècles. Il s’agit d’un secteur riche en bâtiments et infrastructures de grande importance pour la ville, notamment des hôtels particuliers, ainsi que des structures civiles et militaires. Ce terrain a donc une valeur historique majeure, non seulement pour son rôle dans l’évolution de la ville, mais aussi pour les vestiges qu’il pourrait révéler.
Les terrains situés au sud-est de l’église Notre-Dame du Sablon (place du Petit Sablon), ont été utilisés comme cimetière depuis la fin du XIIIe jusqu’au début du XVIIIe siècle, soit pendant 400 ans. Ce site appartenait à l’hôpital Saint-Jean, fondé pour soigner les malades, les indigents et les femmes enceintes. En 1299, l’institution consacre ces terrains en cimetière, et en 1304, une partie est cédée pour construire l’église Notre-Dame.
Les inhumations sont d’abord réservées aux morts de l’hôpital. Mais à partir du début du XVIe siècle, d’autres habitants de la ville, en particulier ceux des quartiers voisins, sont également enterrés au Sablon. Les nobles qui ont érigé leurs hôtels dans le quartier se plaignent bientôt des nuisances causées par le cimetière. Si bien qu’en 1554, la décision est prise de chercher un autre lieu pour les inhumations. Il faut cependant attendre plus d’un siècle et demi pour que ce projet aboutisse. En 1704, un décret ordonne enfin le transfert du cimetière à cause de ses conditions insalubres et des fosses mal entretenues. Le cimetière de l’hôpital Saint-Jean est finalement déplacé près des rues Montserrat et de la Prévoyance, où il fonctionnera jusqu’en 1784.
Ces fouilles présentent une importance significative pour l’histoire de Bruxelles, non seulement en offrant une connaissance détaillée d’une tranche de la population et de son mode de vie, mais aussi en nous permettant de mieux comprendre la structure sociale de l’époque. Contrairement à d’autres découvertes dans des cimetières paroissiaux (à côté des églises), ici, il s’agit du cimetière d’un hôpital, qui permet d’étudier une population différente et une organisation funéraire particulière. Concrètement, à travers l’étude des ossements et des échantillons divers, il est possible de dresser un portrait du cadre de vie de la population qui y est enterré à travers les siècles : hommes, femmes, enfants, maladies, lésions dû à une certain type de travail, régime alimentaire, etc.
De plus, en fouillant cette zone qui traverse des secteurs anciens de la ville, des découvertes majeures sont possibles concernant l’évolution de la topographie, diverses infrastructures et une série de bâtiments. Mais ce n’est qu’après avoir fouillé et analysé les données recueillies que l’importance de ce site pourra réellement être évaluée. Ces fouilles offrent ici une opportunité rare de découvrir des éléments qui étaient jusqu’ici inconnus, et qui pourraient modifier notre compréhension de l’histoire de la ville.
Collaboration entre la STIB, Vivaqua et urban et respect du planning
Si la découverte de vestiges archéologiques et la tenue de fouilles préventives dans l’espace public est crucial pour comprendre l’histoire de notre territoire, une grande attention est prise en matière de coordination de chantier. L’objectif est en effet que les fouilles n'entravent pas les travaux en cours et qu’elles ne prolongent pas les délais d'exécution en impactant la ville. Via une excellente collaboration entre institutions régionales, la coordination des divers chantiers est optimisée, les travaux se poursuivent progressivement et ce afin de veiller au maximum au respect des plannings des travaux en surface.
Dans ce cas précis, le chantier se poursuivra les prochaines semaines et doit suivre un rythme particulier à la fois en raison de l’importance de la rue de la Régence comme axe majeur de circulation du centre-ville, et de certaines dates impondérables. La première date clé étant le 25 mai, avec l’épreuve de course à pied des 20 km de Bruxelles, ce qui oblige à reboucher toutes les tranchées avant cette date. L’objectif est de terminer les deux premiers tronçons de 12 mètres quelques jours avant cette échéance, le temps que Vivaqua puisse poser et reboucher la conduite.