La Région bruxelloise inscrit la Brussels Pride comme Patrimoine culturel Immatériel
Bruxelles souhaite désormais porter la candidature de la Pride comme Patrimoine culturel Immatériel auprès de l’UNESCO avec d’autres villes et pays
Ans Persoons, Secrétaire d’État bruxelloise au Patrimoine est fière d’annoncer que la Brussels Pride est désormais inscrite à l’Inventaire du Patrimoine culturel Immatériel de la Région de Bruxelles-Capitale. Cet événement protéiforme, festif et militant, qui se déroule chaque année autour du 17 mai, Journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie (IDAHOT), devient le 21èmeélément constitutif de l’identité, du folklore et de la culture bruxelloise. Le dossier a été porté par le monde associatif réunit sous la coupole de la RainbowHouse, du Brussels Rainbow village et d'institutions publiques dont visit.brussels et Equal.brussels. Bruxelles est ainsi la première région en Belgique à reconnaitre cet événement comme patrimoine immatériel. Il s’agit ici d’une première étape indispensable avant l’introduction future auprès de l’UNESCO d’une candidature transnationale au titre de Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité.
« 45 ans après la première Marche des fiertés organisée en Belgique, Bruxelles inscrit la Brussels Pride à son patrimoine culturel immatériel et la reconnait comme un élément constitutif de notre identité collective. Si le combat pour une société plus inclusive et tolérante doit se poursuivre au quotidien, cet événement bruxellois est incontestablement le moment de célébration et de revendication le plus important pour la communauté LGBTQIA+ à Bruxelles et en Belgique. Par cette reconnaissance, Bruxelles honore toutes celles et ceux qui se sont battus et continuent de se mobiliser jour après jour pour plus de liberté, d'égalité et de droits, et revendique plus que jamais avec fierté son statut de Capitale Queer à l’international ! » déclare Ans Persoons, Secrétaire d’État bruxelloise au Patrimoine.
« La reconnaissance de la Brussels Pride en tant que patrimoine culturel immatériel de la région bruxelloise est une nouvelle étape symbolique qui célèbre la diversité, l’inclusion et le combat pour l'égalité au cœur de notre ville. C’est un honneur pour la Rainbow House de participer à cette avancée historique qui valorise les droits et la visibilité des personnes LGBTQIA+ et de leurs allié.e.s. Avec cette reconnaissance régionale, nous avons désormais l’ambition d’aller plus loin en portant une candidature transnationale d’inscription des Prides à travers le monde au Patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO. Ce serait une reconnaissance internationale de la lutte pour les droits humains et un message fort d'espoir pour une société toujours plus inclusive, libre et tolérante. » déclare Frank Schellings de la RainbowHouse Brussels.
"Nous avons obtenu des textes légaux favorables en très peu de temps. En 1996 nous demandions la reconnaissance du couple homosexuel. En 2003 nous avons obtenu le mariage pour tous. Ça a été très vite mais les mentalités ne changent pas aussi vite que les lois. Aujourd'hui, si on peut se marier, la plupart des homosexuel-le-s n’osent toutefois pas se promener main dans la main en rue. Il y a encore un énorme travail à faire au niveau des mentalités et c’est pourquoi une Pride reste absolument nécessaire. La Pride a aussi connue une évolution d’une manifestation essentiellement militante vers une "Pride for everyone": une Pride organisée par les LGBTQIA+ et où tout ceux qui sont pour la diversité sont les bienvenus.
Que la Brussels Pride soit reconnue comme patrimoine culturel par la Région Bruxelloise est un énorme pas en avant. En 1996, nous n'avions en effet même pas le droit d’emprunter les boulevards centraux de la ville." déclare Chille Deman, Fondateur de la Brussels Pride.
La Brussels Pride, un élément constitutif et de fierté de l’identité bruxelloise
La Brussels Pride s’étend sur plus de 10 jours dans le centre-ville de Bruxelles (principalement autour du Mont des Arts et du quartier Saint-Jacques) mais aussi, grâce aux évènements organisés dans le cadre de la Pride Week, d’autres communes de la région bruxelloise. Elle comprend le cortège (Pride March), le Pride Village, le Pride Stage, le Rainbow Village et donc la Pride Week.
Les valeurs de la Pride sont la base même de l’événement, elles sont constitutives de son ADN. Ainsi, tolérance, diversité, inclusion mais aussi sens de la fête, musique, militantisme et aspect revendicatif sont inhérent à la Pride de Bruxelles mais aussi aux Prides à travers le monde.
Chaque année, la Brussels Pride se choisit une thématique à défendre comme par exemple : Safe Everyday Everywhere (2024), All for One (2019), Pride 4 every 1 (2011), It’s a family Affair (2005)…
Les racines du mouvement de lutte pour l’égalité des personnes LGBTQIA+ remontent à 1970 à New York à la suite des émeutes dites de Stonewall de juin 1969. En Belgique, une première initiative aura lieu en mars 1973 tandis que la première « journée gay » (homodag) a lieu à Gand en 1978, suivie d’une « journée gay internationale » (internationale homodag), manifestation pour les droits des homosexuels, le 5 mai 1979 à Anvers. Dans les années 1980, on assiste encore à deux manifestations aux succès divers. Il faudra attendre 1990 pour revoir une manifestation récurrente sur le territoire belge : les « Roze Zaterdagen ». Cette marche devait être organisée tous les deux ans dans une ville différente.
En 1996 c’est au tour de Bruxelles. L’évènement, rebaptisé « Belgian Lesbian and Gay Pride, Roze Zaterdag, Samedi Rose », est une telle réussite qu’il est décidé d’organiser à Bruxelles une Pride nationale et annuelle.
Depuis lors, le succès de la Pride ne s’est pas démenti, passant de 5.000 personnes en 1990 à 200.000 en 2024 ! Ces manifestations à caractère revendicatif ont permis, entre autres, des avancées législatives majeures en Belgique comme le contrat de cohabitation légale (1997), le mariage pour tous (2003), l’adoption pour tous (2006) ou encore le droit pour les personnes trans de changer d’état civil (2017).
En 2023, la manifestation devient « Brussels Pride » et continue de défendre les droits et les acquis de l’ensemble de la communauté LGBTQIA+.
Parce que la Brussels Pride se place dans une dynamique mondiale, Bruxelles occupe une place à part dans le paysage des Prides européennes et même mondiales. Son inscription à l’inventaire du Patrimoine immatériel de la Région de Bruxelles-Capitale contribue à créer ainsi une dynamique de reconnaissance de la mémoire et du patrimoine LGBTQIA+, y compris dans des états où les droits sont menacés.
Vers une reconnaissance UNESCO
Cette reconnaissance bruxelloise, première en Belgique et 2ème reconnaissance mondiale (de facto belge car le Patrimoine culturel est régionalisé), s’inscrit enfin dans un mouvement international plus large de reconnaissance des Prides. En effet, si les Pays-Bas ont reconnu la Pride Amsterdam en 2019 comme patrimoine national, le Luxembourg et d’autres pays se sont également lancés dans un processus d’inscription de leurs Prides respectives comme patrimoine culturel immatériel national.
Unies sous l’égide de la WorldPride, les différentes associations coupoles LGBTQIA+ nationales avancent ensemble sur la reconnaissance de dossiers répartis sur trois continents : Luxembourg, la Thaïlande, l'Espagne, l'Allemagne, la Finlande, l'Islande, le Mexique, la Norvège, le Portugal, la Suède et la Suisse y travaillent actuellement.
L'objectif est qu'un maximum de pays inscrivent leur Pride comme un patrimoine national afin que dans un futur proche un dossier de candidature transnationale et intercontinentale soit déposée auprès de l’UNESCO et ce afin de reconnaître et inscrire les Prides à travers le monde comme Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité.
Les Pays-Bas souhaite désormais porter cette initiative auprès de l'UNESCO à l'occasion de la WorldPride qui sera organisée en 2026 à Amsterdam. Pour rappel, la WorldPride est organisée tous les deux ans. La dernière a eu lieu à Sydney en 2023, à Washington en 2025 et la suivante à Amsterdam en 2026.