La Secrétaire d'État bruxelloise au Patrimoine Ans Persoons met en demeure la Régie des Bâtiments et demande la restauration urgente du Pavillon chinois et de la Tour japonaise
Ans Persoons, Secrétaire d’État bruxelloise à l’Urbanisme et au Patrimoine, annonce avoir chargé, après de nombreuses tentatives de dialogue avec le Secrétaire d'Etat Mathieu Michel, l'administration régionale urban.brussels de mettre en demeure la Régie des Bâtiments d'assumer la responsabilité de la dégradation de la Tour japonaise et du Pavillon chinois. Vu l’état de délabrement préoccupant de ces monuments et le fait qu’il s’agisse de biens classés depuis 2019, Ans Persoons appelle le Secrétaire d’État Mathieu Michel en charge de la Régie des Bâtiments à prendre ses responsabilités de toute urgence. Elle demande explicitement que la rénovation et la valorisation de ces trésors patrimoniaux figurent parmi les priorités du futur Gouvernement fédéral.
« Malgré avoir en vain privilégié la voie du dialogue et adressé de nombreux rappels au Secrétaire d’État Mathieu Michel, la Tour japonaise et le Pavillon chinois ne cessent de se détériorer ces dernières années. La situation se dégrade et est extrêmement préoccupante, alors que ces sites sont classés. Laisser ces joyaux se délabrer est inacceptable ! Cette procédure en justice est le dernier levier que la Région peut activer afin d’éviter un point de non-retour pour ce patrimoine remarquable. Nous appelons aujourd’hui le Secrétaire d’État Mathieu Michel à agir et demandons que ces sites patrimoniaux fassent partie des priorités de l’accord du futur Gouvernement fédéral. » déclare Ans Persoons, Secrétaire d’État bruxelloise à l’Urbanisme et au Patrimoine.
Mise en demeure pour sauver ce patrimoine exceptionnel
Les tentatives de concertation et rappels n’ont abouti à rien, c’est pourquoi l’instruction a été donnée à Urban.brussels de mettre en demeure la Régie des Bâtiments de restaurer la Tour japonaise et le Pavillon chinois dans un état conforme à celui justifiant son classement. La Région bruxelloise demande dans les 10 jours à l’État fédéral de présenter ses intentions précises et les mesures qu’elles compte prendre afin de satisfaire à ses obligations légales d'entretien et de conservation d'un bien classé.
A défaut, la Région bruxelloise se réserve le droit d’introduire auprès du Président du Tribunal de Première Instance de Bruxelles siégeant comme en référé, une action en cessation environnementale fondée sur la loi du 12 janvier 1993 afin de solliciter la condamnation à remettre les lieux dans leur pristin état.
Outre ces deux sites à Laeken, la Région bruxelloise appelle également l’État fédéral à assumer ses responsabilités concernant d’autres biens classés dont l’état est préoccupant. Il s’agit de la piscine du Résidence Palace dans le quartier européen, un dossier qui date de plus de 20 ans et l’Orangerie du Domaine de Val Duchesse à Auderghem. L’ensemble de ce site appartient à la Donation Royale et est loué par la Régie des bâtiments pour la Chancellerie du Premier Ministre.
Malgré des appels soutenus, une dégradation préoccupante des sites classés
La Tour japonaise et le Pavillon chinois sont des biens fédéraux appartenant à la Régie des bâtiments, compétente également pour leur bonne conservation et rénovation. En octobre 2013, la décision de fermer en urgence les 2 sites a été prises par la Régie des Bâtiments et les Musées Royaux d'Art et d'Histoire (MRAH) pour des raisons de sécurité en urgence. Depuis lors, la fermeture complète de tout le complexe "Musées d'Extrême-Orient" a été prises par le Gouvernement Fédéral dans un souci de réorganisation des Musées Royaux d’Art & d’Histoire.
En décembre 2019, à l’initiative du Secrétaire d’État bruxellois au Patrimoine Pascal Smet, le Gouvernement bruxellois a décidé de classer comme monument la totalité de la Tour japonaise et du Pavillon chinois, en ce compris les éléments de décor et de mobilier, et comme site le jardin de la Tour Japonaise.
Dans le procès-verbal dressé le 5 janvier 2023 par l'administration régionale urban.brussels, des constats inquiétants ont été relevés qui pourraient entraîner des dégâts irréversibles. Des parties du plafond décoratifs et plusieurs ornements se sont détachés. Des infiltrations d'eau et un problème d'humidité affectent les parquets. De plus, plusieurs éléments en bois et balustrades sont en train de moisir. Des décorations en céramiques et en mosaïques sont endommagées, voire ont disparues. Enfin, un balcon présente des problèmes de stabilité.
La situation de ces bien classés s’est davantage dégradée ces dernières années et est aujourd’hui particulièrement préoccupante. Les conclusions du procès-verbal de constat d’infractions dressé le 5 janvier 2023 indique :
« Le fait de ne pas maintenir en bon état un bien inscrit sur la liste de sauvegarde ou classé ainsi que le fait de ne pas respecter les conditions particulières de conservations prescrites constituent des infractions urbanistiques au sens de l’article 300, 5° du Code Bruxellois de l’Aménagement du Territoire (CoBAT) ».
Cette situation a pourtant été dénoncée à de nombreuses reprises lors de diverses rencontres avec le Secrétaire d’État Mathieu Michel et/ou son cabinet, et notamment par un courrier le 20 juillet 2023 adressé au Secrétaire d’Etat Michel en charge de la Régie. Aucune suite concrète n’y a cependant été réservée.
Des monuments classés et uniques par leur architecture :
Le Pavillon chinois et la Tour japonaise sont des biens exceptionnels et uniques, véritables témoins d’une époque et d’une architecture orientaliste. Ces deux monuments et leurs jardins ont été réalisés à la demande du roi Léopold II entre 1901 et 1905. Le roi souhaitait créer autour de son domaine un musée en plein air composé de bâtiments rappelant l’Extrême-Orient. Les deux édifices ont été conçus par l’architecte parisien Alexandre Marcel, il s’est pour cela inspiré du « Tour du Monde » de l’Exposition universelle de Paris de 1900. L’ensemble a été offert en 1909 au Ministère des Affaires étrangères pour promouvoir les relations entre la Belgique, d’une part, et la Chine et le Japon, d’autre part.
Le Pavillon chinois a un style typique du Sud de la Chine, avec une forme de toit reconnaissable, tandis que les riches ornements de la façade rassemblent différents styles chinois. Le bois nécessaire à la construction de la Tour japonaise a été commandé à une menuiserie réputée de Tokyo pour être ensuite monté à Laeken. La décoration intérieure est unique par l’intégration d’éléments authentiques de l’époque Edo et de l’ère Meiji (Tokyo du XVIIIe et XIXe). Le classement du site concerne aussi le jardin entourant la Tour japonaise et ses nombreux arbres remarquables, comme le plus grand arbre Katsura japonais de la Région. Le parc entourant le Pavillon chinois est déjà classé depuis le 12 juin 1997.
