"La tradition des marionnettes à tringle à Bruxelles" inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO
Mardi 09 décembre 2025

Ans Persoons, Secrétaire d’Etat bruxelloise à l’Urbanisme et au Patrimoine est heureuse et fière d’annoncer l’inscription de « la tradition des marionnettes à tringle à Bruxelles » sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité de l’UNESCO. Portée par urban.brussels et le Théâtre royal de Toone, cette reconnaissance a été officialisée lors de la 20ᵉ session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui se tient à New Delhi du 9 au 14 décembre 2025.
Cette reconnaissance internationale pour Bruxelles et la Belgique consacre aujourd’hui une pratique artistique vivante, populaire et profondément enracinée dans l’histoire bruxelloise. Héritée des théâtres forains itinérants depuis la Renaissance, la marionnette à tringle est aujourd’hui conservée et réinventée au Théâtre de Toone, véritable conservatoire de cette pratique et dernier théâtre de ce type en activité à Bruxelles.
« Si Bruxelles est célèbre à travers le monde pour ses trésors Art Nouveau, sa diversité architecturale et son Histoire, notre Ville-Région se distingue également pour la richesse de son patrimoine vivant, de ses traditions et son folklore qui forgent notre identité collective. Les marionnettes à tringle du Théâtre de Toone en sont un symbole magnifique : elles font rire, rêver et s’émerveiller petits et grands, et attirent chaque année des visiteurs venus du monde entier pour découvrir cette part authentique de notre culture. En inscrivant cette tradition sur la Liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité, l'UNESCO consacre l’importance de préserver, de transmettre et de faire rayonner avec fierté cette tradition bruxelloise, témoin de la créativité et de l’âme populaire de Bruxelles. » déclare Ans Persoons, Secrétaire d’État bruxelloise à l’Urbanisme et au Patrimoine.
Une tradition historique, vivante et inclusive
Cette candidature a été initié il y a quatre ans par urban.brussels, l’administration bruxelloise en charge du Patrimoine, avec une volonté de mettre en avant l’identité bruxelloise, les langues endogènes, l’inclusivité et le caractère non marchand.
Importée en Belgique grâce aux théâtres ambulants d’Italie et d’Europe centrale (XVIe/XVIIe siècles), la marionnette à tringle est le reflet de l’identité multiculturelle de Bruxelles. Jadis, les spectacles de marionnettes permettaient aux spectateurs adultes, souvent illettrés, de découvrir les pièces de théâtre, d’opéras, ainsi que les romans populaires, auxquels ils n’avaient pas accès.
Encore très populaire au XIXe siècle et comptant plusieurs troupes, elle se concentre depuis 1963 au Théâtre de Toone.
Sa spécificité réside dans la « tringle », une tige métallique traversant la tête de la marionnette et formant deux crochets à ses extrémités. La tringle sert à la manipulation de la marionnette en actionnant diverses parties de son corps. Cette manipulation se fait grâce à une équipe bien entrainée de 6 marionnettistes cachés derrière un castelet rehaussé. Cela requiert un engagement physique important afin de donner rythme et précision aux mouvements. Les marionnettistes suivent la voix du meneur de jeu, lequel tient le rôle de tous les personnages caractéristiques en variant les intonations de sa voix.
Le répertoire, souvent parodique et improvisé, mêle classiques du théâtre, récits populaires et satire sociale, dans un esprit typiquement bruxellois de « zwanze » et d’autodérision. Il s’inspire plus spécifiquement de la chevalerie, d’épisodes bibliques, de diableries et de romans populaires du XIXe siècle. L’usage des langues locales bruxelloises et les références à l’identité locale, aux pratiques culturelles populaires participent à créer un sentiment d’identification du public.
« Les marionnettes à tringle bruxelloises font partie de notre patrimoine collectif. C'est un patrimoine vivant ancestral qui se transmet depuis des siècles et qui continuera à vivre ! Notre priorité aujourd'hui est sa transmission et sa valorisation pour les générations futures. Cette tradition est une tradition collective. Elle appartient à tous les Bruxellois. Merci de la faire vivre encore et toujours avec nous.» précise Nicolas Géal dit Toone VIII, Directeur du Théâtre royal de Toone.
Un art sauvé de la disparition et transmis aux nouvelles générations
Menacée de disparition dans les années 1960, la tradition des marionnettes à tringle de Bruxelles a été sauvée grâce à la création de l’ASBL Théâtre de Toone en 1969 offrant depuis lors une visibilité significative aux praticiens. Le théâtre propose aujourd’hui quatre représentations hebdomadaires, attirant un public fidèle et de nombreux visiteurs, au cœur de "l’îlot sacré" classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
« Nos traditions ne dorment jamais : elles vivent et évoluent avec le temps. Le folklore bruxellois en est la preuve ; il raconte notre manière d’être, notre Ville, et toutes les histoires qui la traversent. L’inscription des marionnettes à tringle à l’UNESCO, c’est la reconnaissance d’un morceau d’âme bruxelloise symbolisée par le Théâtre Royal de Toone. Depuis 1830, ce lieu unique fait vivre notre histoire et la raconte avec cette créativité un peu décalée qui caractérise l'humour bruxellois. C’est un fil qui relie les générations, un fil solide, porté par des passionnés qui continuent à captiver le public. Cette distinction montre que Bruxelles reste une ville qui respecte ses racines, qui sait les faire évoluer pour toucher les jeunes générations, et qui regorge de richesses culturelles. Et franchement, ça fait du bien de voir tout cela reconnu à l’échelle mondiale. » déclare Philippe Close, Bourgmestre de la Ville de Bruxelles.
Avec plus de 30 spectacles au répertoire, les représentations témoignent d’une grande diversité et se réinvente en continu. Les marionnettes font l’objet d’études, de restaurations, d’inventaire et le théâtre bénéficie de soutiens de plusieurs niveaux institutionnels.
Le Théâtre de Toone joue ainsi un rôle essentiel dans la transmission intergénérationnelle, la valorisation des langues locales, et la promotion de la diversité culturelle. Il accueille chaque année des milliers de spectateurs de tous âges et origines, et forme de nouveaux marionnettistes dans un cadre non formel, ouvert et inclusif. Ces dernières années, cette tradition a en effet évolué: les rôles autrefois genrés (hommes : meneurs, manipulateurs, fabricants, femmes : costumières) connaissent aujourd’hui une parité.
Si les spectacles de marionnettes éduquaient jadis les classes populaires bruxelloises, aujourd’hui, l’élément contribue toujours à éduquer son public. Les représentations permettent, de manière ludique, aux adultes et familles l’accès aux classiques. Plusieurs écoles primaires et secondaires intègrent ainsi les spectacles à leur programme pédagogique afin de favoriser l’éveil culturel de jeunes et les immerger dans une tradition locale.
La transmission et la sauvegarde de ce patrimoine vivant s'effectue par ailleurs via le Musée de Toone et des expositions temporaires. Des présentations extra-muros contribuent également à la valorisation de cette tradition lors d’événements locaux et internationaux comme la participation à plusieurs festivals (Charleville-Mézières en France et Geochang en Corée du Sud), aux événements de l’Union Internationale de la Marionnette, aux initiatives européennes (Journées du Patrimoine, European Heritage Label).
Une contribution au développement durable
L’inscription à l’UNESCO reflète également l’engagement des praticiens en faveur du développement durable : l’utilisation de matériaux recyclés en particulier le bois lié à la fabrication des marionnettes, l’artisanat local peu énergivore, la sensibilisation aux enjeux environnementaux et sociaux à travers les spectacles et les ateliers.
Une mobilisation collective
Cette candidature est enfin le fruit d’un processus participatif, coordonné par urban.brussels, impliquant les marionnettistes, les artisans, les associations folkloriques, les institutions culturelles et un large public. Elle s’appuie sur des mesures de sauvegarde concrètes, des inventaires reconnus au niveau régional et communautaire, et une dynamique de coopération locale et internationale.
« L’inscription de l’art de la Marionnette à tringle au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité constitue une reconnaissance exceptionnelle pour une tradition qui incarne l’âme bruxelloise. Je tiens à saluer le rôle essentiel du Théâtre Royal de Toone, dont la passion et l’engagement ont permis à cette tradition unique de rester vivante au cœur de notre capitale. Je remercie également la Région de Bruxelles-Capitale qui a porté avec détermination ce dossier », indique Elisabeth Degryse, Ministre-Présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles et Ministre de la Culture.
Si la communauté des marionnettistes n’est pas très grande, elle fait preuve d’un réel engagement et d’une grande preuve de résilience à travers le temps.
La Région de Bruxelles-Capitale et plus largement la Belgique tiennent tout particulièrement à remercier le Comité du patrimoine immatériel de l’UNESCO pour cette distinction, qui honore non seulement une forme d’expression artistique unique, mais aussi les valeurs de liberté, de créativité et de dialogue portées par cette tradition séculaire.
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