LA VILLE DE BRUXELLES REND HOMMAGE À EUNICE OSAYANDE EN LUI DONNANT UN NOM DE RUE

Une nouvelle rue a récemment été créée entre le Quai des Péniches et le Quai de Willebroek, près du Pont Suzan Daniel. La Ville de Bruxelles avait décidé de donner à cette rue le nom d'Eunice Osayande, travailleuse du sexe nigériane qui a été sauvagement assassinée derrière la gare du Nord. Aujourd'hui, la rue a été inaugurée lors d'une cérémonie sereine au cours de laquelle des représentant·e·s d’associations de travailleuses et travailleurs du sexe et/ou de soutien à leur cause ont pris la parole.

En 2016, Eunice fait la rencontre d’un groupe de trafiquants qui lui font la promesse de lui trouver un travail avec un avenir radieux en Europe. D’autres filles l’accompagnent dans ce voyage vers l’Europe qui se transforme rapidement en une descente aux enfers. Durant ce voyage, les filles doivent observer un rituel et sont obligées de rester fidèles à leurs proxénètes. Elles seront violées à plusieurs reprises. Elles font ensuite la traversée vers l'Italie dans un canot pneumatique, où Eunice rencontre un passeur qui fait partie du futur réseau qui l’exploitera. Une fois arrivée à Bruxelles, elle est immédiatement contrainte à la prostitution. Elle doit payer 45.000 euros à ses maquereaux pour le trafic et pour un loyer hebdomadaire. Elle et d'autres victimes sont hébergées dans un appartement délabré à proximité.

Dans la nuit du 4 au 5 juin 2018, elle est poignardée de 17 coups de couteau. L'agresseur est un homme de 17 ans. Il a été condamné à une peine de prison de 25 ans.

Le groupe de trafiquants a également été arrêté. Les quatre auteurs ont été condamnés à des peines allant de 33 mois à 4 ans de prison. Trois autres filles ont pu être sauvées des griffes du réseau.

La mort d’Eunice Osayande a suscité beaucoup d’émotion dans le quartier et une marche blanche a été organisée en son hommage.

En nommant cette nouvelle rue Eunice Osayande, la Ville de Bruxelles souhaite attirer une attention permanente sur toutes les femmes (oubliées) victimes de traite humaine, de violences sexuelles et de féminicides.

Ans Persoons, Échevine de l’Urbanisme et des Espaces publics : « La Ville de Bruxelles travaille depuis quelques temps déjà à féminiser les noms de rues bruxelloises. Jusqu'à présent, nous avons toujours choisi des femmes aux réalisations exceptionnelles - mais souvent oubliées. Mais le féminisme pour moi ne concerne pas seulement les femmes qui « excellent ». Le féminisme concerne toutes les femmes et inclut les droits et les luttes des femmes à tous les niveaux sociaux. 81% des femmes âgées de 16 à 69 ans ont subi des violences sexuelles et/ou physiques. Ce pourcentage est beaucoup plus élevé chez les travailleuses du sexe. La lutte pour faire tomber ces chiffres incroyablement élevés mérite plus d'attention et d'urgence. Et c'est exactement pourquoi nous dédions cette rue à Eunice Osayande aujourd'hui. »

Au cours de l'inauguration, qui s'est déroulée dans le calme, plusieurs associations de travailleuses et travailleurs du sexe et/ou de soutien à leur cause et luttant contre la traite des êtres humains ont pris la parole. Chaque personne présente a reçu une rose blanche, symbole d'espoir, et l’a déposée au pied de la plaque de rue au nom d’Eunice.

Marie, Quartier Nord de Bruxelles : « Eunice est venue en Europe pour avoir une vie heureuse et elle a été victime de toutes les formes de violence qu’une femme peut subir. Cela ne doit plus jamais arriver. »
Isabelle Jaramillo, coordinatrice d’Espace P, association d’aide et d’accompagnement aux travailleuses et travailleurs du sexe, déclare : « Son nom ne devrait pas être là. Eunice aurait du vivre et avoir le droit de se défendre fasse à l'innommable. Elle est devenue un symbole de la lutte contre toutes les formes de violences à l'égard de toutes les travailleuses du sexe. ​ Être travailleuse du sexe, migrante, victime de traite des êtres humains sont des vulnérabilités qui en plus d'être cumulées les excluent de l'accès à la protection. ​
Notre société a encore du mal à voir, à reconnaitre et à donner aux victimes la sécurité. Espace P tente de palier à ce manque entre autre par son travail de rue et par la création du lien de confiance. ​ Cependant pour Eunice nous n'avons pas pu. ​ Nous souhaitons que son histoire ne soit pas oubliée, et que sa mémoire soit préservée pour que d'autres travailleuses du sexe ne subissent pas le même sort. »

UTSOPI, Union des Travailleuses et Travailleurs du Sexe Organisé.e.s Pour l’Indépendance, était étroitement impliquée dans l'affaire et s’était constituée partie civile dans le procès contre le présumé coupable.

L’association déclare :« Eunice, c'est l'histoire d'une jeune femme très mal protégée par la société. Une femme seule africaine, fragilisée et exploitée par chaque personne qui l'entourait. Elle se trouvait dans un lieu où l'impunité est loi, dans une situation de non-droit. C'est le devoir de la société de rendre hommage à notre collègue qui nous a été enlevée. Les travailleuses du sexe sont souvent oubliées, cette fois-ci ce ne sera pas le cas. »

Outre les représentant·e·s de la Ville de Bruxelles et de la commune de Schaerbeek, d’Espace P et UTSOPI, il y avait également des représentant·e·s de la police et des associations Violett, Boysproject et Alias.

Lydia Ngoi Mutyebele, Échevine de l’Égalité des chances, conclut : « La féminisation de l’espace public bruxellois est un des points d’attention de notre Plan d’Action pour l’Egalité de droits entre les Hommes et les Femmes. Représenter les femmes dans l’espace urbain peut encore sembler purement symbolique à certain.e.s, mais c’est en fait une manière indirecte de faire connaître, d’adhérer et de soutenir les importants combats qui se jouent au quotidien en matière de parité. En baptisant cette rue, Eunice Osayande, nous faisons également écho aux femmes victimes de violences physiques et/ou morales et condamnons ces actes. Ce baptême rempli donc un double rôle : le devoir de mémoire et la sensibilisation à la lutte contre l’insécurité que ressentent encore trop souvent les femmes. »

 

 

À propos de Ans Persoons

Secrétaire d'Etat à la Région de Bruxelles-Capitale, chargée de l'Urbanisme et du Patrimoine, des Relations européennes et internationales, du Commerce extérieur et de la Lutte contre l'incendie et l'aide médicale urgente

Membre du Collège de la VGC Culture, Jeunesse, Sport, Vivre ensemble dans la diversité

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