La Ville de Bruxelles s’en va en guerre contre Airbnb

Le Collège des Bourgmestre et Échevins de la Ville de Bruxelles a approuvé un plan d’action pour endiguer le développement sauvage des hébergements touristiques illégaux de type Airbnb dans le centre-ville. « Nous espérons remettre sur le marché locatif 1.000 logements d’ici la fin de la législature communale. », annonce Ans Persoons, Échevine de l’Urbanisme.

Une priorité pour la Ville de Bruxelles

Airbnb est devenu un gros business. Dans la plupart des cas, il ne s’agit plus du particulier qui loue sa chambre –à la base de l’esprit Airbnb qui signifie air bed & breakfast– mais de professionnels qui achètent des maisons entières voire plusieurs blocs d’appartements pour ensuite les faire louer sur des plateformes de location touristique comme Airbnb. Ce phénomène n’est pas sans conséquence. La plupart des villes sont confrontées à un manque de logements. Or, le développement des locations touristiques contribue à ce déficit car la location touristique est plus rentable que la location classique. Des logements disparaissent alors du marché locatif traditionnel et les prix de l’immobilier augmentent. Il y a dès lors un déséquilibre entre l'offre de logement pour les habitant.e.s et les touristes.

Quelques chiffres

La Région bruxelloise compte environ 7400 bien annoncés sur le site Airbnb. La Ville de Bruxelles est la commune la plus concernée avec 2.200 biens dont un peu plus de 1.600 sont des logements entiers dédiés à la location touristique (soit 73%). Cette proportion engendre une concurrence pour l’habitat résidentiel dans certains quartiers du centre-ville. De plus, la plupart des locations de type Airbnb sont illégales et non conformes à l’ordonnance bruxelloise sur les hébergements touristiques.

D’autres indicateurs rendent également compte de la croissance des logements Airbnb. On constate ces dernières années une diminution de la population dans la zone UNESCO autour de la Grand-Place alors que la population globale de la Ville de Bruxelles augmente et que des logements continuent d’être rénovés et créés.  Nous pouvons en déduire qu’une partie de ces logements sont alors captés par la location touristiques au détriment du logement classique.

Ans Persoons,
Échevine de l’Urbanisme de la Ville de Bruxelles :

Nous voulons éviter d’arriver à une situation similaire aux villes d’Amsterdam ou Paris où le développement sauvage d’Airbnb prend des proportions démesurées.

À Paris, 65.000 logements sont mis en location sur la plateforme Airbnb. Sous la pression exercée par ce phénomène, le prix moyen d’un logement par mètre carré a atteint plus de 10.000 euros.

Ans Persoons :

Nous ne voulons pas d’un centre-ville habité seulement par des touristes. Les Bruxellois.es devraient encore pouvoir trouver un logement dans n’importe quel quartier et à un prix abordable. C’est pourquoi il est crucial d’agir maintenant.

Airbnb dénature le quartier

Le développement incontrôlé des hébergements touristiques dans certains quartiers a également un impact sur le milieu urbain. Les touristes déposent leurs déchets dans la rue quand ils partent, mais ne tiennent pas compte des jours de ramassage des déchets. Les commerces s’orientent de plus en plus vers de la clientèle de passage, il y a un risque de diminution de la diversité commerciale locale qui porte atteinte à la vie de quartier. Dans certains immeubles, la plupart des appartements sont loués par Airbnb, cela crée une distance pour les habitant.e.s qui vivent dans ces immeubles et qui ont le sentiment de ne plus connaître leurs voisins.

Philippe Close,
Bourgmestre de la Ville de Bruxelles :

Bruxelles est la capitale de la Belgique et de l’Europe mais est aussi une ville où de nombreux Bruxellois.es y vivent, travaillent et habitent. Notre ville doit être attrayante au niveau touristique, mais ne peut pas aller à l’encontre de la qualité de vie de nos habitant.e.s. Grâce à ce nouveau plan d’action, nous pouvons réagir d’une manière structurelle en luttant contre la disparition de logements privés du marché locatif traditionnel et en mettant fin à cette concurrence déloyale sur le marché de l’hébergement touristique.

Conséquences fiscales

L’absence de transparence des plateformes de locations touristiques comme Airbnb concernant leur activité et leurs clients favorise une économie parallèle qui se développe en dehors des normes urbanistiques, mais aussi fiscales. Sur la Ville de Bruxelles, il s’agit de 1.600 logements non habités pour lesquels personne n’introduit de déclaration d’IPP (Impôt sur les Personnes Physiques). Les logements touristiques reconnus sont taxés, les Airbnb illégaux pas.

Plus de contrôle

Le Collège de la Ville de Bruxelles a approuvé un plan d’action pour endiguer le développement incontrôlé des locations de type Airbnb. Que contient ce plan ?

  • La création d’une cellule Airbnb. La Ville a une service contrôle qui poursuit les infractions urbanistiques. Créer un logement touristique sans permis, si l’affectation du bien est un logement constitue une infraction urbanistique. La cellule contrôle sera renforcée par du personnel supplémentaire afin de pouvoir mettre en place une cellule entièrement consacrée à la poursuite des Airbnb illégaux. Le focus sera mis sur les quartiers le plus fragilisés où la pression des Airbnb est la plus élevées : quartier autour de la Grand-Place, la Bourse, Saint-Jacques, Saint-Géry et le quartier Dansaert.
     
  • Étroite collaboration entre les différentes services communaux et avec la Région. Les  services communaux et la police coopéreront pour certaines opérations de terrains. La Cellule Contrôle va également renforcer sa collaboration avec le Service des Finances : ces derniers ne taxent pas seulement des biens négligés, mais aussi les biens inoccupés. En général, il n’y a aucune domiciliation enregistrée sur les biens loués sur Airbnb. Dès lors, ces biens peuvent être considérés comme vides et être taxés.

Concrètement, nous suivons deux pistes : sanctionner les hébergements touristiques clandestins car cela constitue une infraction urbanistiques (Cellule Contrôle) ou taxer les hébergements comme biens inoccupés (Service Finances). Ces infractions/taxes peuvent s’avérer très élevées.

Ans Persoons :

De cette façon, nous voulons mettre la pression sur les propriétaires pour qu’ils mettent leur bien sur le marché locatif classique.

Philippe Close :

Nous avons connu une grande victoire il y a quelques semaines. Le propriétaire d’un grand immeuble dans la zone UNESCO a décidé sous la pression de la taxe pour bien inoccupés de remettre 15 appartements qui étaient loués sur la plateforme Airbnb sur le marché locatif traditionnel.

Ans Persoons conclut :

En augmentant les contrôles, nous voulons remettre 1.000 logements sur le marché locatif d’ici la fin de la législature.

Thi-Tiên Trân

Attachée de presse, Cabinet de l'Échevine Ans Persoons

À propos de Ans Persoons

Secrétaire d'Etat à la Région de Bruxelles-Capitale, chargée de l'Urbanisme et du Patrimoine, des Relations européennes et internationales, du Commerce extérieur et de la Lutte contre l'incendie et l'aide médicale urgente

Membre du Collège de la VGC Culture, Jeunesse, Sport, Vivre ensemble dans la diversité

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