LA VILLE DE BRUXELLES SOUTIENT 6 PROJETS « GENRE ET URBANISME »
Début mai, la Ville de Bruxelles a lancé l’appel à projets « Genre et Urbanisme » visant à sensibiliser, étudier et mettre en lumière le vécu du genre dans l’espace public. Pas moins de 19 associations ont répondu à l’appel, 6 d’entre elles ont été retenues et se pencheront sur cette thématique dès cet automne.
GENRE ET URBANISME : POURQUOI ?
L’espace public est accessible à le tout le monde. Ça, c’est en théorie. En pratique, il est dominé par les hommes[1]. Pour les filles, les femmes[2] et les personnes qui ne correspondent pas aux normes des personnes cisgenres, l’espace public peut être parfois hostile, anxiogène, voire dangereux.
L’urbanisme et l’architecture ont été, et le sont encore aujourd’hui, l’affaire des hommes. Cela signifie que la ville et l’espace public ont été conçus depuis une perspective masculine, sans tenir compte des besoins des groupes minoritaires. De nombreuses recherches confirment qu’en l’absence d’une approche sensible au genre, les femmes, les filles et groupes minoritaires, ne se sentent pas (et ne sont pas) en sécurité dans l’espace public. Iels se déplacent aussi différemment dans l’espace public et ne peuvent occuper pleinement l’espace public.
Raison de plus pour que la Ville lance cette année un appel à projets soutenant des initiatives offrant une approche sensible au genre dans le développement urbain. 19 associations ont soumis un projet. Un jury, composé des départements Urbanisme et Egalités des Chances ainsi qu’un membre externe de l’Université de Liège, a finalement retenu 6 projets.
Ans Persoons (One.Brussels-Vooruit), Echevine de l’Urbanisme et de l’Espace publics : « C'est la première fois que nous lançons un appel à projets "genre et urbanisme" et quel succès qui témoigne de l'actualité du sujet. Bien que très différents, les 6 projets retenus travaillent autour d'un fil commun : la force du vécu et du ressenti selon notre genre ou notre orientation sexuelle dans l'espace public. Les associations vont sur place, chercher les publics moins visibles, femmes, filles, LGBTQIA+, et les encourager à s'exprimer. On n'est plus dans le travail théorique, mais de terrain. Ce point de départ est crucial dans la conception d'un espace public ouvert à tout le monde. »
LES LAUREATS
Girls make the City- ZIJkant asbl et Wetopia :
Au pied de l’église de la Chapelle, l’asbl ZIJkant et Wetopia organisent cet automne un cycle de co-création avec des adolescentes de différents horizons. Mais toutes vivent dans le quartier ou se rendent dans une école du quartier. Encadrées par des experts, elles seront amenées à réfléchir à l’espace public en ville : de quoi ont-elles besoin pour se sentir chez elles ? Le lieu des ateliers n’a pas été choisi au hasard. Dans le cadre du nouveau plan de circulation et de la suppression d’une voie de circulation, tout un espace entre l’église de la Chapelle et le skatepark sera disponible. L’objectif au terme de ce cycle de co-création est de réaliser une intervention concrète par et pour les filles. Une publication est également prévue, contenant des recommandations pour un espace public inclusif et un podcast sur les expériences des filles.
Contact : Julie Van Garsse : +32496 83 08 30
Stalingrad au féminin!- STALEM asbl :
Dans la partie sud du Pentagone, autour de la Gare du Midi, les femmes sont généralement moins visibles et présentes dans l'espace public. Sur base de ce constat, l’asbl Stalem, association de commerçants, ouvre le débat. En premier lieu, l'association souhaite engager un dialogue avec les femmes du quartier, usagères, travailleuses et habitantes. En collaboration avec l’asbl gender, un certain nombre d'ateliers seront organisés autour de l'utilisation ou de l'absence d’appropriation de l'espace public. La dernière partie du projet sera une exposition de photos de femmes et faite par des femmes du quartier de Stalingrad
Contact : Chérine Layachi : +32470514596
Queering Brussels- L’architecture qui dégenre asbl :
Du 10 septembre au 21 novembre 2022, l'exposition Queering Brussels sera visible aux Halles Saint-Géry. L'exposition présente une critique et un futur possible de la Ville de Bruxelles par des prismes queer. L'objectif est d’ouvrir le public à une pensée intersectionnelle de l’espace public en articulant architecture, urbanisme, genre, et dimensions queer/LGBTQIA+. Une programmation complémentaire est proposée avec des visites guidées de la ville ainsi que des conférences sur les thématiques du genre, de la ville et des questions LGBTQIA+.
Contact: Apolline Vranken: a.vranken@architecturequidegenre.be
Girls ‘n Play- RED/Laboratoire Pédagogique asbl & Alive Architecture:
RED/Laboratoire Pédagogique, en collaboration avec Alive Architecture, organise un cycle de 8 ateliers avec un groupe de filles bruxelloises. Les ateliers se concentrent sur les besoins féminins spécifiques lors de la conception d'espaces publics. Leurs droits à des espaces publics sûrs, accessibles et confortables sont essentiels à cet égard. Les ateliers se terminent par une installation sur un espace public de la Ville et un documentaire sur l'ensemble du processus.
Contact : Axel Pleeck : +32494418465
JES Brussels asbl :
L'équipe de Jes Brussels est active autour d'Annessens et Rempart des Moines (Cinq Blocs) depuis plus de 15 ans. Juste avant le covid, un travail avec un focus sur les femmes avait également été lancé. Cet appel insuffle dès lors une nouvelle impulsion au projet. L'objectif est de faire émerger les expériences et les besoins féminins à travers des ateliers participatifs avec le groupe. Le quartier fait face à de profondes mutations. Plus précisément, la rénovation des Cinq Blocs sera discutée plus en détail ainsi que son impact sur les femmes du quartier. La démarche se termine par une intervention ou une activité visible dans le quartier. L'association espère que ces actions mèneront à l’avenir à une meilleure appropriation de diverses manières de l’espace public.
Contact: Lisa De Pelsmaeker: +32485728169
Bureau van Stadsverzamelaars - Lilith & Mo asbl :
Pendant une semaine, l’asbl va s'installer sur une place de la ville. Le « bureau » invite les riverains, passants et autres curieux à découvrir la place. Au moyen de petits challenges, ils se pencheront de manière ludique sur la façon dont les hommes et les femmes utilisent la place et, surtout, pourquoi. Le lieu de l’intervention reste une surprise.
Contact : An Vandevelde : +32474 511 310
Lydia Mutyebele, Echevine de l'Egalité des Chances : « L’Urbanisme veille à l’agencement harmonieux du territoire et dans une certaine mesure il en planifie l’évolution. On le sait, la mixité et l’aménagement urbain ont un grand impact sur la sécurité et l’accessibilité des services pour les différents groupes d’usagers, dont les femmes et les personnes LGBTQIA+. Je me réjouis que ma Collègue soutiennent les activités et les réflexions qui ont été proposées au travers de ces projets pour « démasculiniser » l’espace public bruxellois. En effet, la mise en place d’actions de ce type constitue des volets importants des Plans d’Actions Egalité Hommes Femmes et LGBTQIA+ de la Ville. »
1Par « hommes », on entend toute personne qui s’identifie comme tel.
2Par « femmes », on entend toute personne qui s’identifie comme tel.
© Nora Juncker en Manon Brûlé