L’État Fédéral et la Région bruxelloise avancent ensemble des actions pour contextualiser le passé colonial à Bruxelles.

Les Secrétaires d’Etat Ans Persoons en charge du Patrimoine en Région bruxelloise et Thomas Dermine en charge de la Politique scientifique fédérale, ainsi que la Ministre fédérale Karine Lalieux pour Beliris lancent ensemble les premières mesures concrètes visant la décolonisation de l'espace public de Bruxelles et des Etablissements scientifiques fédéraux. Plusieurs initiatives, portées à chacun des niveaux de pouvoir, sont lancées en ce début d’été à l’occasion de la date symbolique du 30 juin qui marque les 63 ans d’indépendance du Congo.
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​​ Les initiatives portent d’une part sur la poursuite de la recherche de provenance des collections à l’AfricaMuseum et le lancement d’un appel pour contextualiser la statue de Léopold II au sein du Musée Royal d’Art & d’Histoire au Cinquantenaire, et d’autre part sur le lancement d’un important appel à candidature bruxellois en collaboration avec Beliris pour l’étude et la concrétisation de 3 actions phares reprises dans le plan d’actions bruxellois décolonisation de l’espace public.

« Le passé colonial belge est omniprésent dans le paysage urbain de notre capitale. Sous forme de statues ou de noms de rues, de monuments, de sites emblématiques ou bâtiments, cet héritage mérite toute notre attention car il illustre une page sombre de notre histoire collective. Grâce à l’adoption du Plan décolonisation par le Gouvernement bruxellois et ces 14 actions, il est désormais temps de redonner sa place à ce patrimoine en le contextualisant, en le retirant ou en le transformant afin de le transmettre aux générations futures et lui apporter un éclairage nouveau. Ensemble, Région bruxelloise et État fédéral, avançons aujourd’hui main dans la main pour que Bruxelles et la Belgique soient pionnières en matière de travail de mémoire et d’interprétation de cet héritage colonial. Ce travail est important en Belgique, il doit également servir d’exemple à l’international et ce grâce à la réalisation de projets concrets et rassembleurs.» déclare Ans Persoons, Secrétaire d’Etat bruxelloise en charge du Patrimoine.

« Un exemplaire de la célèbre statue équestre de Léopold II domine aujourd’hui le Grand Narthex du Musée « Art et Histoire » au Cinquantenaire. Je lance en ce 30 juin, date anniversaire de l’indépendance du Congo, un appel à la communauté artistique pour contextualiser cette statue, grâce à une intervention, afin qu’elle amène le public à une réflexion sur le principe de la colonisation et sur la souffrance des victimes de cette sombre période de notre histoire. Il ne s’agit pas d’effacer le patrimoine qui est le reflet d’une époque mais de le contextualiser et d’en faire un opportunité de questionner notre passé et de construire le vivre-ensemble de demain.», indique Thomas Dermine, Secrétaire d’Etat chargé de la Politique scientifique.

« En tant que partenaire étroit de la Région bruxelloise depuis 30 ans, Beliris est particulièrement fier de pouvoir participer aujourd’hui aux efforts de la Région dans ses actions de décolonisation de l’espace public de notre capitale. Grâce à un budget de 200.000 euros mis à disposition par Beliris, plusieurs actions importantes seront lancées prochainement via un appel à candidatures visant notamment la création d’un centre de débat et documentation. L’image de Bruxelles passe aussi par sa capacité à confronter son histoire et à construire une Région accueillante pour toutes et tous. », indique Karine Lalieux, ministre chargé de Beliris.

Un appel à candidature bruxellois en collaboration avec BELIRIS pour la réalisation de 3 actions phares du Plan Décolonisation de l’espace public bruxellois.

Adopté par le Gouvernement bruxellois en mai dernier à l’initiative du précédent Secrétaire d’Etat bruxellois Pascal Smet, le plan d'action « Vers la décolonisation de l’espace public en Région de Bruxelles-Capitale » contient 14 actions concrètes qui sont en cours de lancement. Ce plan marque la première grande étape concrète de la décolonisation de l'espace public bruxellois, une condition nécessaire à la décolonisation de la société, qui requiert un processus social, politique et culturel continu. L'objectif est de développer une Région de Bruxelles-Capitale inclusive, où chaque Bruxellois.e se sent reconnu.e et valorisé.e. La Région bruxelloise souhaite ainsi jouer un rôle de pionnier en matière de décolonisation et en faire un exemple pour de nombreuses autres villes en Belgique et à l'étranger. Concrètement, cet appel à candidature bruxellois vise le développement d’un Centre de documentation, de débats, d’animations et d’expositions consacré à la question coloniale à la Lever House, la création d’un dépôt central pour la Région afin de regrouper des statues et autres monuments commémoratifs coloniaux retirés de l’espace public et enfin l’érection d’un monument commémorant les victimes de la colonisation belge du Congo, du Rwanda et du Burundi.

Dans le cadre de la mise en œuvre des actions définies du Plan Décolonisation, la Région bruxelloise, en collaboration avec Beliris, déploie ainsi un budget de 200.000 euros pour le lancement d’un appel à candidature qui vise la concrétisation de 3 actions-phares: ​

Tout d’abord, l’administration régionale Urban.brussels souhaite étudier la faisabilité relative au développement d’un Centre de documentation, de débats, d’animations et d’expositions consacré à la question coloniale à Bruxelles et en Belgique dans un contexte international. Ce Centre sera envisagé au sein du bâtiment de la Lever House situé 150-152 rue Royale. L’étude vise également à étudier la future programmation de ce nouvel espace. L'étude est entamée et coordonnée par Urban, en concertation avec le groupe de travail décolonisation de l'espace public et les représentant.e.s des Secrétaires d'État bruxellois au Patrimoine et à l’Égalité des Chances. Pour donner forme à ce projet, une collaboration entre la Région bruxelloise et la Politique scientifique fédérale sera également développée, où les Archives d'État, la Bibliothèque royale et le Musée royal de l'Afrique centrale disposent de collections et d'une expertise importantes. (Action 5)

Ensuite, Urban.brussels souhaite également étudier via cet appel à candidature la possibilité d'ériger un monument commémorant les victimes de la colonisation belge du Congo, du Rwanda et du Burundi. (Action 7)

Enfin, une analyse sur les facteurs critiques de succès est lancée pour la création d’un dépôt central pour la Région, où l’on pourrait regrouper des statues coloniales et d’autres monuments commémoratifs coloniaux (même de grande taille) retirés de l’espace public, cela en serait une des destinations possibles (certaines statues pouvant par exemple être transférées dans un musée). Un tel lieu ne serait pas une simple infrastructure logistique, mais un lieu public et symbolique, et l’un des repères marquant la transformation décoloniale du paysage monumental de la ville. (Action 8)

Pour conclure, la collaboration entre la Région bruxelloise et BELSPO est désormais scellée, notamment dans le cadre de la création d’un centre d’interprétation et de documentation. La Région s'inscrira par ailleurs pleinement dans la dynamique fédérale sur les restitutions, plus particulièrement en ce qui concerne les collections communales.

Un appel conjoint à des artistes et/ou conservateurs pour travailler sur la statue équestre de Léopold II, qui fait partie de la collection des Musées royaux d'Art et d'Histoire.

Cette première initiative s'inscrit dans un ensemble plus large d'actions préparées par les deux Secrétaires d'Etat et qui seront déployées dans les années à venir. L'AfricaMuseum va ainsi renforcer ses recherches sur la provenance des objets issus du passé colonial. Un budget de 2,3 millions d'euros a été débloqué pour étudier les collections des musées qui proviennent du Congo. Actuellement, 2.300 biographies de collectionneurs sont en cours de compilation, ce qui devrait permettre de mieux comprendre comment les objets se sont retrouvés dans les collections de l'AfricaMuseum. Des chercheurs congolais sont également impliqués.

Par ailleurs, sous l'impulsion des ministres Hadja Lahbib, Affaires étrangères, Caroline Genez, Coopération au développement, et du Secrétaire d'État Thomas Dermine, chargé de la Politique scientifique, les Archives de l'État vont pouvoir prolonger la première phase de recherche sur l'histoire des Métis.

La statue équestre de Léopold II

Avec le support de la Région Bruxelles Capitale et BELSPO, les Musées royaux d’Art et d’Histoire lancent un appel à projet, ouvert aux artistes et curateur.ices. L’œuvre à mettre en contexte est un original en plâtre de la statue équestre de Léopold II par Thomas Vinçotte (1850-1925), dont une version définitive en bronze est installée et se trouve encore place du Trône et une autre déplacée au Mont Ngaliema, à Kinshasa.

La statue équestre fait partie du patrimoine des Musées royaux d’Art et d’Histoire, et le projet retenu ne devra pas avoir un effet permanent irréversible. Le concept proposé pourrait aussi impliquer la relocalisation de l’œuvre dans le musée.

L'appel s'adresse aux artistes professionnels et/ou aux conservateurs dans le domaine des arts visuels et des disciplines connexes. ​ Un jury indépendant fera le choix de cinq artistes/curateur.ices maximum pour les inviter à présenter un projet détaillé. Pour cette phase détaillée un montant de 1.500 euros TTC est prévu pour les artistes/curateur.ice.s non sélectionné.e.s. Un montant de 9.000 euros d’honoraires (hors production) est prévu pour l’artiste/curateur.ice sélectionné.e. Un budget de production de base d'environ 12 500 euros est prévu.